1er Juin 2022. Ce titre, nous l’avons emprunté à un commentaire posté sur la page de Météo Haute Normandie

Il ne s’applique malheureusement pas qu’à l’orque de la Seine mais à tous les cétacés échoués vivants, en France ; « échoués » au sens général de cétacé en détresse.
Ex avec Wally, le baleineau gris, l’an passé
Quelques questions que l’on nous pose et auxquelles nous allons tenter de vous répondre.
Aurait-on pu sauver cette orque ?
Il est impossible de répondre car nous n’avons pas eu accès à l’animal, nous n’avons pas davantage été contactés alors que Sibylline océans est la seule association, en France, à proposer la prise en charge médicale des cétacés (dauphins, baleines), en détresse.
Par contre, ce que nous pouvons dire, c’est que ce qui s’est passé fut une vaste opération de communication mais certainement pas une opération de sauvetage.
Une prise en charge médicale de tels animaux ne s’improvise pas. Cela signifie qu’une équipe dédiée est préparée et qu’outre les compétences vétérinaires spécialisées, les secouristes, les conducteurs d’engins selon la situation, etc… il faut du matériel adapté et mobilisable rapidement, les échouages stricts étant des urgences vétérinaires absolues. Dans le cadre de l’orque de la Seine, c’est le milieu dans lequel l’animal s’est retrouvé (eau douce, polluée, offrant peu de ressource alimentaire pour une orque, avec un trafic fluvial non négligeable) qui nécessitait une action rapide.
En France, la politique officielle (qui émane donc du Ministère de l’Environnement ; « Environnement » a disparu mais il s’agit de la même entité de décision)), c’est de renvoyer au large. Dans le cas de figure de l’échouage d’un animal isolé, cela revient à le condamner. Loin des yeux, loin du cœur ! Dans ces conditions, aucun échouage vivant, que ce soit pour cette orque, pour le baleineau gris de l’an dernier, etc… ne peut avoir une fin heureuse.
L’orque était-elle malade ?
L’orque présentait des lésions cutanées, nécrosées selon l’une des photos du communiqué préfectoral du 29 Mai. Elles sont inhérentes à tout cétacé marin demeurant de manière prolongée dans de l’eau douce (baisse de salinité persistante ou eau réellement douce telle celle d’un fleuve). Le communiqué préfectoral a conclu à une « mucormycose », émergente chez les cétacés. Cette maladie ne serait pas dangereuse pour l’homme, selon le même communiqué. La « mucormycose » est un terme générique qui désigne une mycose (maladie fongique) liée à des champignons saprophytes (se dit d’un micro-organisme qui vit aux dépens de matières organiques inertes (peaux mortes, par exemple), par opposition au parasite) appartenant à l’ordre des mucorales. Des cas de mucormycose ont effectivement été décrits sur des échouages mais en aucun cas, le diagnostic fut posé à la jumelle. Les seules photos des lésions de l’orque de la Seine sont une vue zoomée, de mauvaise qualité, dans le communiqué préfectoral. Il n’y a donc jamais eu de prélèvement. Les lésions cutanées observées pouvaient être liées à n’importe quel autre pathogène et l’étendue d’une lésion, aussi impressionnante soit-elle, n’est pas proportionnelle à sa gravité.
Abreuver le public de noms barbares sert à faire passer la pilule de l’euthanasie.
Son aileron dorsal était affaissé, ce que l’on voit systématiquement chez les orques captives mais aussi, de manière sporadique, en milieu naturel. Plusieurs hypothèses ont été émises sur le sujet sans jamais être confirmées.
L’orque était dénutrie : c’est le point le plus important car un état de dénutrition conduit, entre autres, à une déshydratation et à un état de choc si la volémie n’est pas rétablie. Par conséquent, renvoyer cette orque vers l’océan, sans soins, c’était la condamner. Pour cette raison, depuis le début, nous savions qu’il n’y avait pas d’experts cétacés en termes de gestion d’échouage, ni même de vétérinaire spécialisé. Quant aux sauveteurs d’opérette qui se sont invités pour faire leur opération de com., no comment ! On a l’habitude…
Les experts présents (ce terme galvaudé ne signifie absolument rien) étaient acousticiens, conducteurs de drones, pompiers, bref, des professionnels qui ont apporté leur contribution à une opération vouée à l’échec sans professionnel de la prise en charge d’un cétacé en détresse. Ils ne sont pas responsables de ce qui s’est passé. Le problème vient de l’incompétence des référents ministère auxquels s’est fié le préfet de Seine-Maritime.
Pour quelle raison l’orque n’a-t-elle pas répondu aux stimuli sonores ?
Là encore, plusieurs hypothèses, aucune certitude. Une orque appartient à un groupe qui possède un dialecte. Tentez d’attirer une orque avec un langage qui n’est pas le sien est une utopie. A cela s’ajoute la procédure de guidage qui était ubuesque. Des tentatives ont déjà eu lieu à l’étranger pour conduire des cétacés, avec plus ou moins de succès, mais certainement pas en considérant qu’ils vont réagir comme des petits chiens quand on les siffle…
La décision d’euthanasie était-elle la seule solution ?
Non, une euthanasie médicale est toujours motivée par un examen clinique. Il n’y en a pas eu. Dans ces conditions, il s’est agi d’une euthanasie de convenance.
Quelques interrogations sur le communiqué informant de la décision d’euthanasie :
A l’étranger, quand les autorités annoncent une décision d’euthanasie, c’est que le sale boulot a été fait ou est en cours. Le communiqué préfectoral a été posté peu avant 15 heures. L’orque aurait été perdue de vue vers 23h30. Que s’est-il passé durant ce laps de temps ? Ont-ils regardé l’orque agoniser alors qu’ils avaient prévu de la tuer ?
Si l’ « euthanasie » a été effectuée, l’animal aura fait l’objet du protocole d’euthanasie des mammifères terrestres : endormissement au fusil hypodermique (généralement pratiqué par un vétérinaire du SDIS) puis injection létale. Le problème, c’est que chez les cétacés, ce protocole n’est absolument pas adapté et conduit à de longues heures d’agonie.
Enfin, un préfet n’étant pas un pyromane (il ne va pas risquer un soulèvement de l’opinion), et compte-tenu de l’émotion du public qui attendait une fin heureuse pour cette orque, nous craignons que ce qui s’est passé en France ne diffère pas de ce qui se passe à l’étranger : l' »euthanasie » était en cours ou déjà faite au moment du communiqué.
La mort de l’orque n’est pas perdue pour tout le monde… et une orque fraîche, ça vaut de l’or !
Voici un témoignage d’un de nos correspondants américains où l’euthanasie est souvent la règle pour les grands cétacés (ici un cachalot), pour les petits quand ils ne sont pas exploitables par les delphinariums (cela dépend des Etats)
One thing the public might not fully realize, is that in addition to general ineptitude and failure to rescue, there might be more sinister motives at play. Fresh dead whale is invaluable, there appears to be a loose network that is being activated when first news about a live strandings start coming in. Fresh tissue samples are important for genetic studies, hearing hair cells start to die right away, have to be harvested asap. Some museum wants whale’s heart to make a 3 d cast. Some PhD candidate wants stomach content to study microbiome , while another ecologist wants to count and id squid beaks. Another professors wants a bone to study decompression sickness, someone wants an eye to age the whale, and do not forget possibility to find ambergis. It is basically the order line like in a fine butcher shop. The ethics and the individual’s right to be helped and to live are clearly out of play here.
Et en France ?
Il s’agit probablement davantage d’opportunisme qu’autre chose. La seule certitude est leur argumentaire pour ne pas intervenir : animal qui n’est pas en danger d’extinction (comme s’il fallait attendre qu’un animal le soit pour mériter d’être « sauvé »), qui coûte cher à réhabiliter et cela ne sert à rien, « moins de 2 % de succès » selon les mêmes officiels. Ce dernier chiffre lancé à la louche n’a aucune véracité, sauf ces « experts » sont à la manœuvre, bien sûr et alors les chiffres tombent à ZERO + agonie à la clé.
Quand on veut noyer son chien…
Une orque isolée de son groupe est-elle condamnée à mourir ?
Non. Exemple avec le jeune mâle au Danemark, mi mai.
Dying Orca Trapped in Shallows For a Month Makes Miracle Recovery (Denmark) et échoué un mois plus tôt et renfloué
Voulez-vous que ça change ?
Dans ce cas, une seule solution : adhérez à notre politique de protection des animaux marins.
Une ONG n’est connue du public que lorsque ses actions bénéficient d’une couverture médiatique. Cela signifie avoir des images. Or, nos actions se passent le plus souvent dans l’ombre (dernière en date, 27 Mai 2022 : participation à la consultation publique autorisant des guignols à se servir des dauphins du Golfe de Gascogne comme cibles de ball-trap). Même chose lorsqu’il faut aider à gérer un échouage en masse en Patagonie chilienne à quatre heures du matin… Préserver la biodiversité, cela n’a rien d’un spectacle, c’est un travail quotidien, pas franchement glamour, qui nécessite temps et persévérance.

Vous pouvez donc soutenir l’association en soutenant ce projet de centre hospitalier pour les animaux marins

Nous avons un rêve…
« Un jour, les communes du littoral seront au moins aussi bien équipées que les Playmobil… »

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