6 Février 2024. Une petite ville balnéaire que tous les citadins nous envient, ou presque, pour être en vacances toute l’année, pensent-ils… Ils ne voient pas la face cachée de la politique de la ville, tout au plus le béton qui grignote inexorablement tout espace laissé vacant, comme les logements car oui, c’est bien de cela dont nous allons parler.
A Mimizan il y a des gens sans logement, comme ailleurs allez-vous nous dire. Sans doute, mais avec une particularité : celle d’avoir la possibilité d’abriter des personnes vulnérables et de cependant les laisser volontairement vivre dans un coin de fortune, une voiture, une tente… Ces gens-là ne doivent rien dire, jouer les bénis oui-oui pour espérer avoir une place, quelque part, un jour peut-être. En attendant, il y a une association qui héberge, durant la trêve hivernale, dans des locaux qui n’ont qu’une capacité de quatre places tandis que l’an passé, l’on parlait déjà de 32 SDF. Les dites personnes ne peuvent rester plus de huit jours à l’abri, c’est la règle. Elles peuvent éventuellement se doucher si elles y sont autorisées, à condition de ne pas être trop éloignées du lieu si elles n’ont pas de moyen de locomotion. Dans le même temps, il y a des bâtiments vides, communaux, qui servent aux forces de l’ordre l’été et qui avaient été placés à la disposition de la dite association sous la précédente mairie. Alors comment peut-on laisser des gens dehors, et notamment des femmes, des mères et leur enfant, des personnes âgées ? Comment peut-on laisser des femmes se faire agresser alors qu’on a les moyens de les protéger ? Comment peut-on en avoir plein la margoulette lors de la dernière séance de vœux pour dire que le logement est important, avancer SIX millions d’euros de recettes (permettant ainsi de ne pas avoir recours à l’emprunt) et promouvoir la détresse des gens dans le même temps ?
Depuis le 2 Octobre 2023, par arrêté, Mimizan est classée en zone tendue, ce qui signifie, entre autres, un encadrement des loyers. Dans ces conditions, comment des appartements proposés à la location peuvent-ils être mis en ligne sur le bon coin, à des prix dans la fourchette médiane, puis retirées pour être repostées avec un loyer plus élevé dix jours plus tard ? Là où le bât blesse méchamment, c’est lorsque le logement est promis à une jeune femme qui tente de se libérer du joug de son ex-compagnon violent…
Avec l’explosion de la demande et un propriétaire qui réalise qu’il peut gagner davantage, pourquoi ne pas en profiter ? Les dites annonces concernent des logements dont les loyers sont susceptibles d’être encadrés (tous ne le sont pas).
Exemple d’un autre logement loué à l’année… sauf l’été
Exemple de la rentabilité du hors saison.
Qu’il est loin le temps où le hors saison était très bas, voire plus de 50 % de moins que les logements à l’année, justement pour équilibrer, un peu, la précarité d’une telle situation (devoir partir tous les étés, sans ne jamais être dans ses meubles)
Quelle manne d’avoir un bien à Mimizan et de le proposer à la location (exit le hors saison où là, on frise l’escroquerie), digne ou non, salubre ou non, bref quel qu’en soit l’état. En effet, là encore, la politique de la ville et plus généralement celle du département, protègent les marchands de sommeil. Et si vous êtes dans un de ces logements, surtout, ne le signalez pas car vous signez le début du processus qui vous conduira à la rue. Tout au plus, si vous le signalez, la préfecture, via SOLIAH, demandera au propriétaire de faire les travaux de votre logement et vous orientera vers une procédure civile même s’il y a un risque pour votre vie (incendie, électrocution, chute, etc…) et alors qu’elle a tout pouvoir pour faire cesser le trouble. Cette demande ne sera pas contraignante et laissera au propriétaire la latitude pour vous expulser. Sachez que la combine pour que la préfecture et le propriétaire aient gain de cause, c’est de vous accuser de refuser d’ouvrir la porte aux artisans, alors que vous n’êtes pas prévenus de leur venue. Prenez les devants, faites venir vous-mêmes les artisans et demandez-leur une attestation car votre voix de locataire contre celle d’un propriétaire ne pèse pas bien lourd. Cela vous permettra en plus, via cette attestation, de prouver que vous n’êtes pas à l’origine de la dégradation (on parle des gens honnêtes) car un artisan sait faire la différence entre la vétusté et le non entretien et les dégradations volontaires. Vous doutez de cette stratégie ? Alors allez vous renseigner sur le nombre d’arrêtés d’insalubrités pris dans les Landes au cours de ces dix dernières années. Quel rapport avec Mimizan ? Le maire n’hésite pas à violer des arrêtés préfectoraux (quand ils existent et c’est rare), voire son propre pouvoir de police, pour aider des marchands de sommeil à expulser des locataires qui tentent de faire valoir leurs droits, protégeant des intérêts privés, prérogative qui n’est pas de son ressort, et se débarrassant ainsi de certaines personnes qui le dérangent.
Et une fois dehors, comment faire pour se protéger, assurer ses besoins les plus élémentaires et notamment l’hygiène ? Là encore, ne comptez pas sur le maire, il a fait cadenasser les toilettes publiques : ici, celles de la plage sud
En 2017, leur entretien était facturé 50 000 euros/an par la société propriétaire de l’infrastructure, utilisée ou non. Ce n’est donc pas pour des raisons économiques que les toilettes sont cadenassées. A moins de pouvoir faire l’économie de son métabolisme.
Autrefois, il y avait des douches et toilettes publiques, plage nord, à la Garluche ; elles ont été fermées sous l’ancien régime auquel le nouveau n’a rien à envier. Selon le nombre d’habitants d’une ville, ces infrastructures ne sont pas obligatoires. Mimizan n’est donc pas dans l’illégalité sur ce point mais quand elles existent, les fermer ne véhicule qu’un seul message : salauds de pauvre, allez voir ailleurs si c’est plus « confortable » !
Les fans de l’édile viendront nous avancer que l’on manque de logements à Mimizan. On ne manque pas de logements, on manque de résidences principales. La loi sur les logements vacants (qui n’ont pas la même définition selon que l’on se place sous le volet fiscal ou celui de la réquisition) permet d’engranger des taxes, qui doivent théoriquement servir à pallier ce problème. Dans les six millions de recettes annoncées, une proportion correspond à cet impôt. Le choix qui en est fait peut être de deux ordres : préempter des logements mis en vente ou construire. Sur l’île de Ré, c’est le premier choix qui est fait. Sur Mimizan, c’est le second. Pour quelle raison alors qu’il y a urgence à loger ? N’est-il pas plus rapide d’utiliser une méthode qui loge directement plutôt qu’une autre qui prend du temps mais qui rapporte, peut-être plus d’argent ? Une enquête financière sur les dessous de ce choix permettrait de répondre à cette question. Et que dire des conséquences de l’artificialisation des sols, de la perte des habitats pour la faune sauvage ? Ne plus s’étonner de la résidence des sangliers dans la ville !
Quelle solution quand on est sans logement, une fois toutes les démarches réalisées, du moins celles en le pouvoir du citoyen lambda car certaines ne peuvent être instruites que par un référent social et là, c’est la loterie !? Ester en justice ? Si la personne est dans son bon droit, préfecture et mairie dégaineront leur artillerie lourde, celle des faux certificats, non signés, qui affirment avec force que les logements proposés ont été refusés… C’est imparable et cela fonctionne à tous les coups, même au plus haut niveau. Démontrer que cela est faux nécessite de faire appel à la justice pénale, donc aux délais parfois très longs, incompatibles avec l’urgence de la rue.
Le foncier à Mimizan :
Il fond comme neige au soleil sur tout le littoral (ou est noyé sous le béton; au choix) et celui de la commune n’y fait pas exception. Prenons le terrain offert (à 100 euros/m², à la plage, c’est cadeau !) au propriétaire du casino, de 4000 m², jouxtant son établissement pour y construire un… hôtel ! Ouvert à l’année. Pour SDF ? Pas vraiment car officiellement, il s’agit d’accueillir des représentants de commerce qui devraient faire halte à Bordeaux si l’on en croît Mr le maire (pas d’hôtel ouvert l’hiver avant 160 km, paraît-il. Ah bon, et Atlantis, Landazur, etc ?… Les représentants de commerce ne descendent pas dans des 4 *, que l’on sache !). Officieusement, c’est pour amener des clients au casino, en cassant les prix des nuitées, et, dans le même temps, le chiffre d’affaires des hôtels déjà existants qui ne pourront s’aligner (pour info, ils n’ont pas été consultés). Dans ces conditions, ces salauds de pauvres (SDF, mal logés, travailleurs pauvres, etc…) ne risquent pas de voir leur situation s’humaniser.
Dans la pléthore larmoyante des complaintes faussement empathiques de la commune, vous avez aussi les saisonniers. Selon le public, il s’agit de travailleurs, souvent jeunes, qui viennent faire la saison et qui ne peuvent être hébergés pendant celle-ci, même en y mettant tout l’argent gagné (et le but n’est souvent pas de se payer des vacances mais des études). Qu’à cela ne tienne, Monsieur le Maire va augmenter la capacité d’accueil d’un de ses bâtiments, celui pressenti pour l’hôpital pour la faune marine (il aura fallu attendre la fin de l’article pour savoir quel était le lien entre le titre et les animaux marins. Cela permet de savoir qui nous lit entièrement 😉 )… alors qu’il avait 4000 m² à côté du Casino…
Ce qu’il ne vous dit pas, c’est que sa définition des saisonniers n’est pas la même que la vôtre. Il s’agit, en fait (hormis les MNS) de travailleurs déplacés, souvent main d’œuvre de l’Est employée à bas coût sur des chantiers, dans les serres de tomates, etc… Pour quelle raison privilégier cette catégorie de travailleurs : un très grand cœur ? Si cela est synonyme de porte-monnaie, alors oui car héberger de tels travailleurs, figurez-vous que cela rapporte à une mairie, et chaque jour pour chaque personne. Même chose pour certains réfugiés. Un SDF, ça ne rapporte rien. Par contre, ça fait tache dans le paysage…
A la Gestapo de la ville qui va poursuivre les SDF qui s’abritent où ils le peuvent… Ayez le courage d’assumer votre nature profonde et les actes qui vont avec : au lieu de dire que vous luttez contre le squat, dites que vous luttez contre les SDF…
Exemple d’un squat à Mimizan… Il s’agit d’une remise d’une maison secondaire inoccupée depuis plusieurs années
On est très loin des histoires montées en épingle, par des médias qui cherchent à faire le buzz auprès de l’opinion. Rien ne justifie de s’en prendre à l’intégrité ou à la réputation d’une personne, même SDF, même si certains policiers municipaux abondent dans votre sens. Personne ne peut se soustraire à la loi, pas plus les SDF pour qui les sentences sont loin d’être clémentes quand ils cherchent à protéger leur vie.
Ce 6 Février, à 18h30, va avoir lieu le prochain conseil municipal. Vous êtes SDF ? Vous êtes mal logés ou vous êtes tout simplement humain et en accord avec le fait que les mimizanais doivent pouvoir se loger correctement dans leur ville ? Alors venez assister à ce conseil municipal (sachez que vous n’êtes pas autorisés à prendre la parole que l’on ne vous donnerait, de toutes façons, pas) vêtus d’un masque affichant un message clair :
SDF = SDP
SDF : Sans Domicile Fixe, SDP : Salauds De Pauvres
En ce qui nous concerne, le combat continue… jusqu’à ce que mort, du projet, s’ensuive…, peut-être… L’avenir proche nous le dira. En attendant, mesdames, messieurs les élus de tout bord, préparez les caisses de champagne pour fêter votre victoire… L’anticipation ne saurait attendre plus longtemps.
#justicesociale #justiceenvironnementale