Publié par : Sibylline | avril 29, 2018

La première centrale nucléaire flottante russe prend la mer

29 Avril 2018 (Pascal Hérard, Karine Barzegar). Le projet de centrale nucléaire flottante russe a franchi une étape importante ce 28 avril 2018 avec le départ en mer du navire-centrale Akademik Lomonosov. Que peut-on attendre ou craindre de cette nouvelle technique de production électrique nucléaire, mobile et flottante ?

l’Akademik Lomonosov a commencé son périple par remorqueur, de Saint-Pétersbourg à Mourmansk, là  où ses réacteurs seront chargés, avant de s’ancrer dans l’Arctique, au large des côtes de Tchoukotka, dans le port de Pevek (extrême-orient russe).

Cette centrale nucléaire flottante, installée sur un navire de 140 mètres de long, peut alimenter en éléctricité une ville de 200 000 habitants. Une ville portuaire, Pevek, ainsi que des plateformes pétrolières, vont donc bénéficier de cette énergie électrique courant 2019 fournie par ce « Tchernobyl flottant », comme le surnomme GreenPeace, qui dénonce ce projet.

Une idée basée sur… un accident de sous-marin nucléaire

Le projet Akademik Lomonosov a débuté il y a plus de 10 ans et est basé sur des réacteurs testés dans les sous-marins et les brise-glace nucléaires russes. La puissance électrique de la centrale flottante Lomonosov est donc 20 fois inférieure à ses équivalents installés sur terre : 70 MW seulement, contre 1450 MW pour les centrales nucléaires à eau pressurisée, les plus courantes dans le monde.

Les autorités russes estiment que leur système de centrale flottante est parfaitement sûr, expliquant qu’ils l’ont conçu à la suite d’un accident d’un sous-marin nucléaire, le Koursk, qui avait sombré en mer de Barents en 2000 : après une explosion, le submersible s’était rempli d’eau et avait coulé, mais le réacteur avait résisté. Les spécialistes avaient alors découvert un réacteur nucléaire intact prêt à reprendre du service…

Tchernobyl flottant ?

L’ONG de protection de l’environnement Greenpeace rappelle sur son site que la centrale flottrante russe, équipée de deux réacteurs nucléaires, n’est pas soumise aux tests et protocoles de sécurité obligatoires pour les centrales terrestres : aucune évaluation appropriée des risques n’a été effectuée :

« Le démarrage d’un réacteur nucléaire – surtout lorsqu’il s’agit d’un prototype flottant dépourvu d’enceinte en béton – constitue toujours une phase dangereuse dans le cycle de fonctionnement d’une centrale nucléaire. Tous les tubes sont-ils étanches ? Chaque soudure résistera-t-elle aux contraintes et à la pression ? L’arrêt d’urgence fonctionne-t-il ? « 

Le cimetière de sous-marins nucléaires russes dans la baie d’Andreyeva, près de Mourmansk en mer de Barents est dans tous les esprits : malgré une opération de traitement des déchêts débutée l’été dernier, la Russie a laissé une catastrophe écologique s’opérer sur plus de vingt ans. Ce site était déjà surnommé le « Tchernobyl flottant ».

Comment les centrales nucléaires flottantes comme l’Akademik Lomonosov seront démantelées, leurs déchêts traités ? Quels sont les risques de pollution radioactives ? Les pays voisins, telle la Finlande et la Norvège s’en inquiètent : le gouvernement norvégien a fait part de son inquiétude et la Finlande a même envoyé son directeur de la sécurité nucléaire à Saint-Pétersbourg pour évaluer la situation sur place. Selon Greenpeace « d’autres pays ne devraient pas tarder à demander une évaluation de l’impact environnemental de ce projet.« 

Ndlr Sibylline : comme justement mentionné par l’un de nos lecteurs, dont vous verrez le correctif dans les commentaires des articles liés à ce sujet, il ne s’agit pas de la première nucléaire centrale flottante, d’où la modification du titre. Merci à cette personne. La première centrale nucléaire flottante est la MH-1A, embarquée sur un navire américain et nommée Sturgis (cf. MH-1A).

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