
Photo des produits alimentaires jetés dans les poubelles du supermarché Leclerc de Mimizan-Plage (Landes) – Georges Gobet – AFP
7 Février 2019. Après le tollé lié à la découverte des invendus Leclerc javellisés, nous craignions être désignés par cette enseigne comme le Judas idéal. C’est désormais chose faite ! La raison en serait nos commentaires sur deux ou trois quotidiens en ligne et Twitter, qui n’ont visiblement pas été bien lus. Qu’on se le dise, nous aurions adoré avoir ce pouvoir de mobilisation nationale qui nous aurait fait une gigantesque publicité (une ONG ne rechigne jamais devant un bon battage médiatique, cela rapporte la mobilisation des citoyens et donc des dons). Nous aurions adoré avoir le pouvoir de mobiliser des avocats, qui plus est, parisiens (rapport à la distance et non à la compétence, pas la peine de se fâcher avec les locaux), accompagnés d’un huissier et d’un photographe de l’AFP… Cependant, pour l’avoir expérimenté sur des sujets graves qui ont lieu sur la ville (bétonnage en zone protégée et/ou inondable), lanceurs d’alerte devenus sdf (avec un président de l’office HLM qui aurait réservé, pour quelques-uns de ses amis de la ville voisine, les nouveaux logements construits ?) suite à leur activisme, ou sur le territoire (destruction d’espèces protégées dont les cétacés), ce pouvoir n’est pas dans nos cordes. Nous sommes avant tout des gens de terrain avant d’être des professionnels de la communication et on le paie fort cher, ne recevant aucune subvention.
Savions-nous que Leclerc de Mimizan javellisait ? Bien évidemment, depuis le 29/12/2018 exactement, depuis que l’association avait demandé à pouvoir bénéficier des invendus à destination de l’alimentation animale. Si les supermarchés ont l’obligation de distribuer leurs invendus, elles doivent aussi respecter des règles sanitaires strictes, notamment au sujet des DLC (dates limites de consommation). Or, nous sommes à Mimizan-plage, ville peuplée de résidences secondaires où la densité humaine, l’hiver, est divisée par dix par rapport à la saison estivale. Les services pour les plus démunis sont donc proportionnels à la logistique disponible. Ainsi, avec une distribution alimentaire par semaine, les conditions de distribution des DLC ne peuvent être respectées. Cependant, ces règles ne sont plus applicables pour l’alimentation animale mais les invendus restent consommables par les intéressés auxquels ils sont destinés.
Voyez que toutes ces informations auraient été reprises dans les communiqués si nous avions été à l’origine de la dénonciation (et les excuses avancées par le magasin n’auraient pas tenu la route), outre que le nom « Sibylline océans’ aurait clairement figuré. Nous ne travaillons pas pour le fun !
Par conséquent, qui a pu dénoncer Leclerc, dont les poubelles du bourg doivent être bien plus remplies que celles de la plage ? Des défenseurs de l’environnement ? Des glaneurs (nom donné aux personnes qui prélèvent dans les poubelles) ? Des personnes qui ont de sérieux griefs contre le directeur du magasin ?
A notre avis, les défenseurs de l’environnement se seraient fait connaître car comme nous l’avons déjà mentionné, une ONG ne rechigne jamais devant un bon battage médiatique. Des glaneurs ? C’est peu probable car vous avez deux types de profil : ceux qui veulent améliorer le quotidien et ceux qui n’ont réellement pas le choix, raison pour laquelle, bien que javellisés, les invendus étaient tout de même prélevés. Aller fouiller dans une poubelle n’est pas un marqueur social de réussite, dans l’esprit des gens. La démarche n’est donc pas anodine. Et quel intérêt, pour les glaneurs, de mordre la main, même « javellisante », de ceux qui les « nourrissent » ?
Il reste donc la dernière hypothèse d’un rendement de compte. Leclerc est connu pour éliminer tout concurrent. Inutile de colporter des rumeurs, les gens n’ont qu’à se référer à ce qui s’est passé lors de l’extension de la zone commerciale, il y a quelques années. Idem pour le rachat du 8 à 8 lorsque le Leclerc du bourg a décidé de rouvrir celui de la plage, à l’année.
En ce qui nous concerne, nous n’avions pas abandonné l’idée de recevoir les invendus. Nous avions donc choisi la voie amiable. Ainsi, dès que nous avons appris la javellisation des produits, nous avons appelé le Leclerc du bourg afin de comprendre la raison de cette nouvelle politique. C’était le 31/12. La responsable hygiène était en congés pour la semaine. Nous avons donc posé la question à la dame de l’accueil qui nous a dit, mal à l’aise, qu’il n’y avait aucune javellisation. Ne voulant pas être frontaux, nous avons donc prévenu que nous irions vérifier et qu’il serait bon que le directeur soit informé que c’était illégal. La standardiste, dont nous avons reconnu la voix et dont nous connaissons le sérieux (d’ailleurs, nous n’avons jamais eu à nous plaindre du professionnalisme du personnel), nous a indiqué que le directeur serait averti. Nous ne doutons pas une seule seconde que la mission ait été remplie. Nous sommes donc retournés le mercredi suivant vérifier que la javellisation avait été stoppée. Non seulement, la politique n’avait pas changé, mais en plus, tout était mélangé ! Nous sommes donc entrés en contact avec l’association « 13 Octobre » qui ne comprenait pas cette situation mais qui nous a indiqué de tenter une résolution amiable, les deux parties ayant à y gagner, quitte à prévenir les médias, en dernier recours, s’il n’y avait aboutissement. C’était, de toutes les manières, notre intention. N’y parvenant, nous avons contacté « Zéro gâchis » qui nous a renvoyé vers « We are phenix », pousse d’entreprise qui fait le lien entre les supermarchés et les associations. Nous étions en contact avec la responsable de cette dernière, pas plus tard que vendredi. Samedi, nous sommes allés filmer le contenu de la poubelle et nous avons pu voir que des glaneurs prélevaient (en comptant le nombre de barquettes de viande et la viande effectivement présente). Le but était de poster la vidéo sur le compte de Gars’pilleurs ainsi que celui de Michel Edouard Leclerc que nous avions sollicité, sans succès, à ce sujet. Vous imaginez bien que nous n’avions pas la possibilité, d’un claquement de doigt, de convaincre deux avocats et un huissier pendant le WE… Sibylline océans maous costo !
Pour quelle raison le directeur de Leclerc a-t-il refusé de nous donner les invendus ? déteste-t-il les animaux à ce point ? C’est possible, quand on sponsorise une torture d’un autre âge, dans une ville qui n’a jamais eu de tradition de « corridas » (mot qui fait toujours rire les espagnols car son sens est très loin de ce que les afiocs (joli nom donné aux adorateurs de torture), pensant se la jouer hispanique, croient. La preuve en images
On pourrait aussi lancer le débat sur les sacs consignés. Quand on a vocation à protéger l’océan, le plastique, c’est pas fantastique. Bref…
Conclusion : c’est un peu comme si l’une de nos responsables était vue en compagnie de Brad Pitt, que les médias en faisaient leur une, l’annonçant comme sa nouvelle compagne, et qu’au final, il ne s’agissait que d’un concours de circonstances (Brad Pitt ne sait pas ce qu’il perd 😉 ). La légitime de Brad Pitt aurait tôt fait d’évincer cyniquement sa pseudo rivale. C’est ce que l’on appelle avoir la poisse et l’argent de la poisse !
Dans ces conditions, quelles sont nos possibilités ? Nous avons demandé à Leclerc, dont nous ne changerons pas les croyances quant à notre « culpabilité » de surtout nous accuser publiquement, que l’on ait un maximum de notoriété ! Nous doutons qu’ils s’exécutent ! Solliciter l’aide des citoyens (rendez-vous sur le bouton « faire un don ») ? Ou nous porter partie civile ? On y réfléchit sérieusement…
MAJ 09.02.2019 : suite à la parution de l’article, une nouvelle hypothèse nous a été transmise, hors d’intérêt en ce qui nous concerne. Aujourd’hui, il fait beau. Le soleil brille sur les nouveaux panneaux de permis de construire en zone inondable (ami lecteur qui pensez passer vos prochaines vacances à Mimizan-plage, aucune inquiétude, il reste du sable). De quoi donner du baume au cœur et d’envisager avec plénitude et satisfaction l’hypothèse qui nous satisferait le plus : les lanceurs d’alerte, seule éclaircie pour changer cette société consumériste, destructrice de l’humain et de son environnement (les animaux y sont intégrés), violeuse des droits de chacun, qui ne récompense que ceux qui ont fait de la défense de la Nature un outil marketing.
Plagiant les référents échouages du ministère, experts… en matière de divination, nous avons interrogé l’oracle de l’éclair (Zeus) sur l’avenir des invendus alimentaires du magasin de la plage et voici le message obtenu (admirez la précision) :
L’enseigne repense sa filière déchets en totalité, au niveau national. Les invendus de la plage sont acheminés au bourg où ils sont jetés à l’abri des regards.
C’est l’oracle qui le dit, pas nous, et de nous interroger : ne va-t-il pas y avoir une grande campagne promotionnelle pour redorer le blason de cette chaîne d’hypermarchés qui souffre quelque peu, en ce moment, de l’image laissée par l’attentat du 04/02, avec, en arrière-cour, la même politique de destruction ? C’est à craindre mais demeurons optimistes, la prise de conscience peut opérer. En attendant, les sacs de la poubelle la plus célèbre de France continuent d’être éventrés. Merci Leclerc.
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