
Des agents de la métropole, de la sécurité civile et des marins-pompiers de Marseille nettoient la plage de Sormiou dans le Parc National des Calanques. LP/Marc Leras
2 Novembre 2018 (Marc Léras). Après le Var, cette pollution probablement issue de la collision entre deux navires au large de la Corse le 7 octobre dernier, a commencé jeudi à toucher le rivage en plein Parc National.
Du mazout au cœur des paysages de carte postale des calanques ! Après le Var, des galettes et des boulettes de combustible gluant et collant, probablement issues de la collision entre deux navires au large de la Corse le 7 octobre dernier, ont commencé à s’échouer sur le rivage en plein parc national des calanques de Marseille (Bouches-du-Rhône).
Même si le plan Polmar n’a pas été déclenché, une cinquantaine d’agents de la métropole, de marins-pompiers et de membres de la Sécurité Civile ont enfilé dès vendredi matin gants et blouses de protection pour aller nettoyer les plages souillées de Sormiou et de Morgiou. En mer, des navires surveillent, dans un vent extrêmement changeant, l’arrivée des plaques de mazout qui progressent de manière diffuse entre deux eaux et des plongeurs inspectent l’état des fonds.
«Nettoyer cette bouillie est un vrai travail de fourmi»
« C’est une catastrophe, quand on voit à quel point ce mazout est visqueux, on n’ose même pas imaginer ce que ça donne au large », se désole Alexandre Aubert, agent de nettoiement, en ramassant des galets et des bouts de bois noircis. « Je suis pêcheur amateur et j’ai vraiment peur de l’impact que cette pollution va avoir sur les poissons et les coquillages ».
« Ça colle partout, nettoyer cette bouillie est un vrai travail de fourmi, déplore son collègue Jean-François Murtas, lui aussi envoyé sur place dès 5h30 par la métropole marseillaise. On va tout ratisser, mais c’est vraiment révoltant de voir une marée noire sur nos côtes. »
Pas de produits chimiques pour dissoudre le mazout
La direction du Parc national des calanques, qui sera partie civile dans le procès intenté aux armateurs des deux bateaux qui se sont percutés, a annoncé qu’elle n’utiliserait pas de produits chimiques pour dissoudre le mazout.
« Il est préférable de laisser la mer s’en débarrasser naturellement, le remède serait pire que le mal. On réfléchit aussi à l’utilité de l’installation d’un barrage flottant », explique Didier Réault, le président du Parc national qui avait demandé cette semaine le déclenchement du plan Polmar terre.
« La pollution risque d’avoir un impact fort en pied de falaise, là où il y a des algues qui abritent l’habitat et le garde-manger des poissons. Le préjudice écologique sera évalué dans les jours qui viennent, il est encore trop tôt pour en avoir une idée exacte ».
Des procédures avec les bateaux responsables
Des analyses du mazout ramassé sur le littoral et stocké dans des bennes devraient permettre d’en déterminer l’origine, même si l’hypothèse d’un dégazage sauvage est peu probable. « L’Etat a déjà engagé des procédures avec les assureurs des bateaux responsables de cette pollution qui prendront à leur charge les frais de nettoyage », a annoncé sur place Pierre Dartout, le préfet des Bouches-du-Rhône. « Les moyens en hommes et en matériel seront mobilisés le temps nécessaire à la dépollution. »
Ndlr Sibylline : et pour la faune, toujours rien de mis en place ? D’après les observateurs, des oiseaux mazoutés ont été aperçus en plusieurs endroits.
Petit rappel (source)
Corrélation entre degré de mazoutage et chances de survie d’un oiseau marin
A état de santé égal, le degré de « mazoutage » d’un oiseau est « inversement » proportionnel à ses chances de survie et donc de réhabilitation.
Pourquoi ?
Les oiseaux marins, vertébrés homéothermes, possèdent un plumage structuré de telle façon qu’il leur assure une étanchéité parfaite à l’eau et au froid. Cette stratégie adaptative, en plus de leur assurer la flottaison, les dispense des pertes caloriques inhérentes aux faibles températures du milieu dans lequel ils évoluent.
Ce plumage est régulièrement entretenu par l’oiseau qui débarrasse ses plumes des impuretés, les nettoie, les lisse… La moindre tache, si petite soit–elle, de la taille d’une tête d’épingle par exemple, qui ne peut être éliminée (cas du mazout) fait perdre au plumage son étanchéité. Dans le cas du fuel, l’animal s’intoxique à chaque nouvelle tentative de nettoyage.
L’oiseau très mazouté n’a d’autre solution que de dériver au gré des courants. Il arrivera donc sur la plage et sera ainsi récupéré plus rapidement qu’un oiseau peu mazouté qui luttera davantage contre le froid, la noyade et le jeûne forcé, s’épuisant progressivement.