
L’équipe à bord de l’Investigator étudiait l’activité du phytoplancton quand elle a découvert ce trésor naturel. (Photo : Owen Foley / CSIRO)
Jeudi 11 Octobre 2018 (Hélaine Lefrançois). Une équipe de chercheurs australiens a découvert par hasard une grande chaîne de volcans, au fond de l’océan, au large de la Tasmanie. Ces monts sous-marins, situés à 5 000 mètres de profondeur, grouillent de vie et servent probablement de repère aux baleines au moment de leur migration.
Une gigantesque chaîne de volcans sous-marins sommeille au fond de la mer de Tasman, au large de l’Australie. Une équipe de chercheurs, menée par des scientifiques de l’université nationale australienne (Canberra), vient de la découvrir. Et c’est un peu par hasard.
Un monde perdu à 5 000 mètres de profondeur
Les scientifiques ont embarqué à bord de l’Investigator, un navire du CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation), l’organisme gouvernemental australien dédié à la recherche scientifique, afin d’étudier l’activité du phytoplancton. Ces organismes végétaux, présents dans les eaux de surface, sont indispensables à la vie marine.
À 400 kilomètres à l’est de la Tasmanie, l’équipe de chercheurs a enregistré un pic d’activité de phytoplancton et découvert cette chaîne de monts volcaniques situés à 5 000 mètres de profondeur, sous la surface de l’eau. « Cette chaîne présente des tailles et des formes variées, comme des cimes pointues et des plateaux de forme plane, dotées de petites collines coniques qui ont dû être formées par l’ancienne activité volcanique », explique dans un communiqué Tara Martin, qui travaille CSIRO.
Certains pics atteignent 3 000 mètres de hauteur, ce qui reste à 2000 mètres en dessous de la surface de l’eau. Le CSIRO a cartographié cette chaîne de montagnes (Ndlr SIbylline : par sonars !). Cette vidéo donne un bon aperçu de son étendue et son hétérogénéité.
Un repaire de baleines à bosse
L’équipe de chercheurs a été impressionnée par cette découverte, et également par la vie marine qui l’entoure. Cette chaîne de monts volcaniques grouille de mammifères marins. « Nous estimons que 28 baleines à bosse ont approché le navire en une journée, et nous avons aperçu 60 à 80 globicéphales [une sorte de dauphin] à longues nageoires le jour suivant » détaille dans ce même communiqué Eric Woehler, un écologiste également à bord de l’Investigator qui travaille pour BirdLife Tasmania, une organisation dédiée à l’observation et la protection des oiseaux. « Nous avons également aperçu de nombreux oiseaux marins, dont quatre espèces d’albatros et quatre espèces de pétrel ».
D’après les scientifiques, cette chaîne montagneuse est vitale pour certains animaux migrateurs, dont la fameuse baleine à bosse. « Ces monts sous-marins jouent peut-être un rôle important en servant de panneau indicateur aux baleines qui empruntent cette voie migratoire, entre leur aire de reproduction hivernale et leur aire d’alimentation estivale, » continue Eric Woehler.
L’équipe de chercheurs souhaite conduire des recherches plus poussées sur la vie marine autour de ces monts et leur origine. Deux nouvelles expéditions sont prévues en novembre et en décembre prochain.
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Ndlr Sibylline : la Tasmanie est un haut lieu d’échouages en masse de cétacés (à fanons et à dents). L’une des hypothèses avancées de ces échouages est une perturbation dans la navigation des animaux. La perception du champ magnétique terrestre, par les animaux, dans la navigation, est également une autre hypothèse, d’autant plus importante pour les espèces océaniques (par opposition aux espèces côtières) qui n’ont pas de repères (amers). Il serait intéressant de mesurer l’activité de ces monts volcaniques, ses variations et de les corréler aux pics d’échouages en masse.
Ex (non exhaustifs) de publications (anglais) et article sur le sujet :
Article : The fatal shore (Bruce Montgomery)
Citation : Nicol, Douglas J 1991 , ‘The Tasmanian cetacean stranding record : a review of the cetacean strandings in Tasmanian waters and an examination of possible causes‘, Research Master thesis, University of Tasmania.
Citation : Kemper, C. M., A. Flaherty, S. E. Gibbs, M. Hill, M. Long, M. & R. W. Byard, 2005. Cetacean captures, strandings and mortalities in South Australia 1881–2000, with special reference to human interactions. Australian Mammalogy, 27: 37–47
Citation : Segawa Tomoyo, Kemper Catherine (2015) Cetacean strandings in South Australia (1881–2008). Australian Mammalogy 37, 51-66. https://doi.org/10.1071/AM14029
Cette découverte n’est cependant pas une bonne nouvelle pour les océans car cette zone, probablement riche en métaux rares (nécessaires au tout électrique que l’on nous présente comme LA solution) comme le sont les zones volcaniques sous-marines, devra faire face aux appétits voraces des compagnies qui voient le sous-marin comme un nouvel eldorado minier.
Des métaux au fond des océans… et des convoitises (lien)