Publié par : Sibylline | janvier 16, 2018

Crozon. Une drôle de bouée découverte sur la plage (Finistère)

la bouée a été immergée près de 2 ans.

16 Janvier 2018. Les faits remontent au 7 janvier. Ce jour-là, Yoann Thomas, surfeur crozonnais, a découvert une bouée intrigante sur la plage de La Palue.  L’engin, mis à l’eau par une université américaine pour enregistrer les cris des baleines, a parcouru 7.000 km, porté par les courants.

Yoann Thomas est un habitué des plages de la Presqu’île, où son hobby de surfeur le conduit régulièrement. Pourtant, c’était en recherchant du bois flotté que ce Crozonnais a remarqué, le dimanche de l’Épiphanie, un étrange objet que la forte houle avait rejeté sur la plage de La Palue. Poussé par la curiosité, il a cherché à savoir d’où provenait cette insolite masse de forme ovoïde, qu’il a identifiée très vite : il s’agissait d’une bouée. Celle-ci portait l’inscription « Cornell University bioacoustics research ».

« Allo, Cornell University ?

Intrigué, ce trentenaire, chef de chantier au sein de la société Entech, spécialisée, notamment, dans les « smart grids » (dispositifs électriques qui fonctionnent autour d’une problématique d’énergies propres), a décidé de poursuivre dans la résolution de l’énigme et a pris contact avec l’université qui en était propriétaire, grâce aux indications clairement lisibles. Yoann Thomas a reçu, pour ce faire, l’aide d’un ami, Tanguy Kerdreux, historien de formation.

Enregistrer les cris des baleines

Au fil des échanges qui se sont instaurés entre les découvreurs et l’université, il est apparu que la bouée sert à l’enregistrement des cris des baleines (Ndlr Sibylline : on parle de « chants »), ainsi qu’à l’évaluation de l’impact des activités humaines sur le comportement des cétacés. Cornell est une université privée américaine située dans la petite ville d’Ithaca, dans l’État de New York. Elle développe un programme de recherches bioacoustiques menées notamment par le professeur Christopher W. Clark, qui travaille dans le domaine des sons émis par les baleines, dans le cadre de leur protection. Cette bouée particulière, d’un poids de 47 kg a été mise à l’eau le 27 février 2016, au large du Maryland, dans une zone de l’Atlantique nord où les baleines noires sont en voie de disparition. Ce type d’équipement flotte à quelque trois mètres au-dessus du fond marin, mais. Dans le cas présent, elle avait rompu son câble d’ancrage, en raison d’un problème technique (livraison d’un matériau ne résistant pas à l’eau de mer).

Entre 6.000 et 7.000 km parcourus

Grâce à la balise Argos dont elle est équipée, la bouée a été suivie jusqu’au 26 septembre 2017, date à laquelle, trop loin de ses bases, elle a été considérée comme perdue. Les batteries ont une durée d’autonomie évaluée à 250 jours environ : la balise a émis jusqu’au 8 janvier ! L’université va prochainement procéder au rapatriement de cet équipement, dont elle attend beaucoup. Une récompense de 250 dollars sera même accordée au découvreur. La bouée américaine aura parcouru entre 6.000 et 7.000 kilomètres, portée par les courants, dont le fameux Gulf Stream. La « soeur « de cette bouée, portant l’identification PU 80, a, quant à elle, été découverte début août, sur une plage de l’île d’Oléron.

Complément

À Brest aussi, on étudie la pollution sonore

« L’université Cornell travaille plutôt sur le volet biologique de l’acoustique, qui touche aux oiseaux ou aux animaux marins. Nous, nous travaillons plutôt sur la modélisation du bruit anthropique, lié à l’activité humaine, sous forme. de cartes », expliquent Florent Le Courtois et Basile Kinda, deux acousticiens du Shom (Service hydrographique et océanographique de la marine) à Brest. La découverte, en Presqu’île de Crozon, d’une bouée de la faculté américaine, « laboratoire de référence dans le monde en acoustique «, selon Florent, n’étonne pas les deux chercheurs brestois.

Des hydrophones immergés en septembre

« Le Shom prend des mesures acoustiques sous-marines depuis très longtemps, mais sur d’autres thématiques », confie Florent. « Nous utilisons ce genre de bouées, reprend Basile, et il est déjà arrivé qu’elles se détachent et dérivent. Mais grâce à un système de balises, nous parvenons en général à les récupérer ». Au Shom, la pollution sonore sous-marine est également étudiée avec attention. 2018 verra d’ailleurs la mise en place d’un programme environnemental demandé par l’Union européenne, qui vise à définir le risque écologique pour les mammifères marins. « À partir de septembre, nous allons immerger des hydrophones dans les eaux métropolitaines françaises pendant six ans, détaillent les deux chercheurs. Ces appareils enregistreront tous les bruits sous-marins et nous les analyserons au fur et à mesure ». En croisant les doigts pour que les bouées françaises, elles, n’aient pas envie de traverser l’Atlantique…

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