
Un navire de pêche islandais ramène une baleine, au large de Hvalfjsrour, au nord de Reykjavik, le 19 juin 2009. (c) Afp
11-01-2012. Devant l’échec des mesures de conservation des baleines, des chercheurs proposent de créer des quotas de chasse qui pourraient aussi bien être achetés par des baleiniers que par des associations de protection de la nature ou même des particuliers.
2000 baleines en moins chaque année
Malgré le moratoire institué en 1986 par la Commission baleinière internationale (CBI), interdisant toute prise de baleine, le nombre de spécimen tué à plus que doublé depuis les années 90. Actuellement, au moins 2000 baleines sont pêchées chaque année, environ 1000 par le Japon au nom de la « recherche scientifique », 600 par la Norvège et l’Islande qui n’ont pas signé le moratoire et quelques 350 pour la chasse de subsistance menée par les populations côtières d’Alaska, de Sibérie, du Canada ou des Caraïbes.
En 2010, les nations anti-chasse ont proposé une solution de compromis qui aurait établi des quotas de pêche avec amende tout en réduisant le nombre de prises total. Mais la solution n’a pas été adoptée suite au refus des pays préleveurs. Devant l’échec de la CBI à contrôler ou stopper la pêche, des chercheurs de l’université de Californie proposent une solution qu’ils espèrent plus permanente et efficace : créer un marché de la baleine.
85 000 dollars pour un rorqual commun
Ils exposent leur idée dans la revue Nature de cette semaine. « En collant un prix sur la tête de chaque baleine on génère un marché de la conservation qui est un moyen tangible et immédiat de les sauver » écrivent les auteurs. Leur idée est de créer des quotas de chasse à la baleine qui pourraient être achetés et vendus. Le nombre de baleines chassées dépendrait de qui posséderait des parts de quotas.
Au maximum, si les baleiniers achètent toutes les parts, les baleines seraient péchées en préservant un niveau de viabilité convenu. Au contraire, si des associations écologistes ou même des particuliers achètent toutes les parts, toutes les baleines seraient épargnées et les baleiniers indemnisés par les primes versées. Un tel marché a le potentiel de satisfaire toutes les parties et simultanément d’améliorer la conservation des baleines, considèrent les auteurs.
Ils évaluent que par baleine le profit varie actuellement entre 13.000 dollars pour un petit rorqual et 85.000 dollars pour un rorqual commun. Ce sont des prix à la portée des groupes de conservation et même de certains individus. Les ONG dépensent en effet environ 25 millions de dollars par an pour les campagnes anti-chasse estiment les auteurs. Reste à soavoir si elles seront prêtes à indemniser des chasseurs de baleines.
Réf : “A market approach to saving the whales.” By Christopher Costello, Leah R. Gerber and Steven Gaines. Nature, 481, 139–140, 12 January 2012, doi:10.1038/481139a